LES CELLULITES D'ORIGINE DENTAIRE CHEZ L'ENFANT

La cellulite constitue une diffusion cellulaire d'un foyer infectieux dentaire. Cette pathologie est fréquente chez l'enfant et la dent de 6 ans est le plus souvent incriminée. Cependant, les dents temporaires peuvent occasionner également des cellulites importantes. En fonction des différentes formes cliniques, la cellulite se manifeste par une tuméfaction avec des douleurs et parfois une altération de l'état général.

A travers cet article seront passées en revue les différentes formes cliniques de la cellulite d'origine dentaire chez l'enfant et leur prise en charge thérapeutique.
Mots clés : Cellulite, odontologie, enfant.


La cellulite d'origine dentaire est une diffusion d'une infection dentaire vers les tissus cellulo-adipeux, principalement, les tissus mous sous-cutanés. En fonction de la dent causale, les loges celluleuses faciales peuvent constituer le siège de la cellulite. Chez l'enfant, cette pathologie peut être aussi bien liée aux dents temporaires qu'aux dents permanentes notamment la dent de 6 ans (1).

La cellulite s'accompagne souvent de douleur, d'altération de l'état général avec difficulté d'alimentation, ce qui est en fait une urgence pédiatrique. En effet, selon une étude menée en 1997 dans un hôpital pédiatrique de Washington, la cellulite d'origine dentaire constitue 9% des urgences faciales de l'enfant (Scheller, 1997) (2). Toutefois, peu d'articles ont été publiés concernant ce sujet.
A travers cet article seront passés en revue des cas cliniques illustrant les différentes formes de la cellulite d'origine dentaire chez l'enfant, avec une synthèse sur l'étiopathogénie, le diagnostic et la prise en charge thérapeutique.

ETIOPATHOGÉNIE
 
La cause la plus fréquente de la cellulite est la carie dentaire, mais elle peut être également associée à un traumatisme compliqué ou plus exceptionnellement à une péricoronarite. Il existe toutefois certains facteurs propres à l'enfant, qui peuvent favoriser l'apparition de la cellulite, tels que (1, 2) :

- L‘évolution carieuse à bas bruit liée à l'anatomo-physiologie de la dent immature et à la sensibilité qui est diminuée au niveau de cette dernière,
- La fréquence élevée des traumatismes chez l'enfant, avec un retard pour le délai de consultation ou une absence de motivation pour le suivi.

L'infection bactérienne aiguë ou chronique induit alors une diffusion microbienne à travers l'os, qui atteint par la suite les tissus celluleux bucco-faciaux. L'infection est polymicrobienne, elle est liée à une large variété de bactéries aérobies et anaérobies, notamment des streptocoques, staphylocoques, entérocoques, actinomyces... Le nombre et type de bactéries vont toutefois varier en fonction de l'évolution de la cellulite en stade aigu ou chronique (1, 2).

FORMES CLINIQUES ET TOPOGRAPHIQUES
 
Les cellulites sont réparties en formes aiguës ou chroniques. Elles peuvent prendre également une allure diffuse mais d'une façon plus exceptionnelle.

Chez l'enfant comme chez l'adulte, la cellulite va passer successivement par divers stades : l'inflammation, la suppuration, la fistulisation et la régression.

Le stade séreux:
 
Le patient présente à cette phase une tuméfaction élastique et douloureuse.

En endobuccal, le vestibule est comblé et la percussion de la dent causale est douloureuse. Le patient se plaint de douleurs spontanées et peut présenter des signes généraux associés.


Fig. la : Aspect exobuccal d'une cellulite génienne basse chez une enfant de 5 ans
 Aspect exobuccal d'une cellulite génienne basse chez une enfant de 5 ans






Le stade de suppuration :

Si le patient n'est pas pris en charge, la cellulite évolue vers la suppuration en 2 à 3 jours. Les téguments sont alors tendus et luisants présentant une fluctuation dont le signe du godet est le signe pathognomonique. Au niveau buccal, la périodontite diminue aux dépens d'une douleur très intense sous forme de battements profonds et de tension. Les signes généraux sont inconstants. 

Et ce n'est que l'évacuation spontanée ou provoquée de la collection purulente qui entraCine une décompression et un soulagement du malade, donnant lieu à la régression de la tuméfaction en quelques jours .

D'autre part, au stade de cellulite suppurée, il peut se produire une fistulisation spontanée qui peut siéger au niveau muqueux avec un trajet fistuleux court  ou au niveau cutané, dans ce cas le trajet fistuleux est long et prend la forme de cordon induré .

La cellulite chronique :
En l'absence de traitement, la chronicité s'installe. Il se forme alors une tuméfaction nodulaire, arrondie, adhérente à l'os et recouverte d'une peau mince violacée .

La cellulite peut présenter plusieurs formes topographiques. Ainsi, le siège de la cellulite peut varier en fonction de la dent causale et la situation exacte des racines. 

Pour les molaires inférieures dont les racines sont situées à mi-distance des deux tables osseuses externe et interne, la tuméfaction peut se situer aussi bien au niveau de la région linguale (cellulite du plancher buccal) qu'au niveau vestibulaire (cellulite de la région génienne, cellulite labiale inférieure et mentonnière).

Au niveau maxillaire, pour les racines communiquant avec la table externe, la cellulite peut se situer au niveau labial supérieur, sous narinaire, naso-génien et génien haut. 

Lorsque la dent causale est en relation avec la table palatine notamment pour les incisives latérales et les racines palatines des prémolaires, et molaires, la cellulite prend la forme d'abcès sous-périosté .